Objectifs
Le projet proposait d'interroger la mise en débat de « l'environnement global », notamment du changement climatique à travers deux volets :
- Un volet « discours et controverses » (axe 1)
- Un volet « images et représentations » (axe 2) centré sur le rôle des images dans la constitution de l'environnement, et notamment du changement climatique, comme problème public planétaire et dans les dynamiques politiques.

Résultats majeurs
Axe 1 : En France, comparée à d'autres controverses sociotechniques, la contestation sur la question du changement climatique est à fronts renversés : aucune force politique ni sociale ne conteste l'expertise du GIEC. L'analyse de cette « spécificité française » permet de la relier à trois éléments : une structuration particulière de l'espace social français autour de la question climatique au début des années 1990 ; un mouvement intellectuel et politique contre l'écologie politique et, enfin, la réticence de certaines disciplines (géographes, démographes, sciences de la Terre) face à la construction du changement climatique comme problème environnemental prioritaire.
Axe 2 : D'abord il y a la question de la « mise en image » : choisir et trouver des modes de représentations adéquats est une entreprise difficile et ne garantit nullement une sensibilisation efficace du public. Puis, la dimension politique : les images environnementales globales sont toutes construites au carrefour entre pouvoir institutionnel, contraintes techniques et matérielles et, enfin, dynamiques sociales, politiques et culturelles au sein des différents disciplines scientifiques impliquées. Enfin, la dimension technique et les enjeux de pouvoir : la vue désincarnée et lourdement abstraite des images environnementales globales peut amener, par exemple, à une certaine banalisation de l'horreur et même entraîner un effet démobilisateur.

Dimension interdisciplinaire
Le projet s'est construit au carrefour des SHS (sciences humaines et sociales) et des sciences dites « dures ». Des climatologues et des géographes, notamment, ont été conduits à mener, ensemble avec les collègues des SHS, des réflexions sur des problématiques communes ainsi que des terrains d'enquête communs qui peuvent nourrir les débats dans le futur (surtout en ce qui concerne les images environnementales globales qui sont déjà l'objet d'un projet de recherche CNRS de S. Grevsmühl).

Figure clé










Les visualisations du « trou » de la couche d’ozone au dessus de l’Antarctique (ici de 1999) illustrent bien l’idée de l’« environnement global » : nos actions locales peuvent désormais avoir des conséquences globales désastreuses, même à l’autre bout de la planète.
© SVS, Goddard Space Flight Center, NASA.









Projets induits / implications
Christophe Bonneuil dirige depuis octobre 2013, aux Éditions du Seuil, une nouvelle collection intitulée Anthropocène. Interdisciplinaire. Cette collection se fait aussi bien l'écho des dernières avancées des sciences du système Terre que des humanités environnementales. Les premiers livres qui sont sortis dans cette collection font écho aux recherches menées dans le cadre du projet ENVIGLOB, notamment le livre La Terre vue d'en haut : l'invention de l'environnement global de S. Grevsmühl, paru en 2014.

En termes de collaboration, le projet a permis de nouer des contacts et de renforcer des contacts existants autour des thématiques des axes 1 et 2. Ceci concerne aussi bien les collaborations internationales que la consolidation de dynamiques de recherche avec des collègues français. Ainsi, le travail de l'axe 1 a permis de continuer une coopération entre S.Aykut, H Guillemot et JB.Comby autour du thème de la médiatisation du changement climatique et de la visibilité des controverses. Les résultats de l'axe 2 ont mené à la formulation d'un nouveau projet de recherche CNRS, porté par S. Grevsmühl.

Parutions :
Comby, JB., Romanet V., Un problème réchauffé ? Les changements climatiques dans les médias généralistes 2007-2011, Rapport de recherche, Institut Français de Presse de l'Université Paris 2 & GIS Climat-Environnement-Société, Paris, 2012.
Le point d'interrogation du titre de ce rapport n'est pas innocent. Pour beaucoup, les changements climatiques constituent un problème réchauffé, passé de mode, qui n'intéresse plus grand monde. Pourtant, à rebours de cette interprétation du sens commun, l'examen scientifique de la médiatisation de la question du climat montre que c'est précisément parce qu'elle est parvenue à intéresser les décideurs situés au sommet de l'État que cette question a, en tant que telle, vue sa visibilité médiatique décliner depuis 2007.

Aykut S., Actes de la conférence internationale « Challenging the 'climate consensus'. Perspectives from the social sciences and humanities to analyze 'dissonant voices' in the public debate on climate change », GIS Climat-Environnement-Société, Paris, 2015.
Les participants de la conférence ont tenté de comprendre pourquoi le déni du changement climatique, que ce soit au niveau individuel ou collectif, s'est formé et a acquis une visibilité médiatique. De manière complémentaire, ils ont exploré les mécanismes d'une présentation plus consensuelle du sujet dans certains pays et certains types de médias. Les différentes études de la journée ont surtout montré qu'afin de comprendre déni et scepticisme dans le débat climatique, il faut résister à la polarisation qui domine le débat public.

Grevsmühl, S., Images environnementales globales : nouvelles perspectives, Actes de la conférence internationale des 9 et 10 octobre 2014, GIS Climat-Environnement-Société, Paris, 2015.
Lors de la conférence se sont réunis des physiciens, des géographes, des historiens, des chercheurs du CNES, à côté de sociologues, de philosophes, d'historiens de l'art, de politistes, mais aussi d'ingénieurs et de gestionnaires. Un des enjeux était de commencer à réfléchir sur la mise en place d'un programme de recherche sur les images environnementales globales qui embrasserait autant de compétences diversifiées. La conférence a ainsi permis d'établir un vrai dialogue interdisciplinaire et d'ouvrir de nouvelles pistes de réflexion.