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Bilan du second colloque RISC-UV

Dans le prolongement du projet RISC-UV financé par le GIS, il est envisagé de développer un modèle multidimensionnel intégrant notamment les types de comportements d'exposition et de prévention aux UV, les paramètres climatiques (notion d'indice de confort) et les changements climatiques afin d'optimiser les campagnes de prévention solaire en s'appuyant sur une méthodologie de "gestion de risques".

Un colloque, organisé le 16 décembre dernier à Paris, à permis de mettre en présence les potentiels acteurs d'un tel projet et de créer de nouvelles collaborations.

Consulter le programme (précisant les affiliations des intervenants)

Présentations données lors du colloque

Introduction, présentation du « 2ème Colloque Risc-UV »
Mahé Emmanuel
Godin-Beekmann Sophie
Beauchet Alain

Disparités géographiques des cancers UV-induits
Saiag Philippe
Résumé. Les cancers cutanés UV induits sont les mélanomes et les cancers cutanés non mélanocytaires (NMSC). Ces derniers (carcinomes baso-cellulaire - CBC - et épidermoïdes - SCC) représentent 90% des cancers cutanés. Si ils sont les plus fréquents des cancers des l'homme, ils tuent rarement. Par leur nombre, leur fréquente multiplicité, ils induisent des coûts importants pour les sociétés. Ils sont avant tout liés aux expositions chroniques au soleil, et il existe une relation assez simple entre le risque de
CBC et la latitude. Le carcinome à cellules de Merkel, très rare, très grave, est lié à l'interaction entre âge élevé, déficit immunitaire, infection par un poliomavirus, récemment identifiée, et les expositions solaires chroniques. Le mélanome est responsable de la grande majorité de la mortalité par cancer cutané. S'il est assez clairement lié aux expositions solaires intermittentes récréatives chez l'enfant et l'adolescent, d'autres facteurs interviennent : génétiques, phototype, etc. La situation épidémiologique, marquée dans la plupart des pays par une augmentation de l'incidence et une augmentation plus faible de la mortalité, est en fait assez contrastée, en particulier en Europe où l'incidence est la plus élevée dans les pays riches à faible ensoleillement.

Comportements et soleil, ce que nous ont appris les « Suvimaxiens »
Ezzedine Khaled
Guinot Christiane
Résumé. Un bref rappel du protocole de l'étude épidémiologique SUVIMAX et de ses principaux résultats sur l'impact d'une supplémentation en oligo-éléments et minéraux antioxydants à dose nutritionnelle administrée à une large population d'adultes français, seront d'abord présentés. Puis, différents travaux concernant les comportements face au soleil ; aussi bien en termes d'exposition, de protection, de sensibilité naturelle de la peau, que de connaissances des risques, seront exposés succinctement au travers de cinq publications récentes.

Mesures UV en Europe, SoDa - EuroSun
Boniol Mathieu
Résumé. Measuring UV exposure is critical for monitoring and investigating pattern of UV-related diseases: melanoma, non-melanoma skin cancer, cataracts, etc. Most epidemiological studies relied on questionnaire recording time spent outdoor as a proxy of UV exposure. To measure the actual UV exposure, various methods have been used including erythemal-UV  measurement with radiometers, individual dosimeters ...
EUROSUN project aims to monitor ultraviolet exposure in the European Union and its effects on incidence of skin cancers and cataracts. Exposure to the various UV wavelengths was calculated for every geographical site within Europe, from meteorological satellite data (SoDa). An atlas of UV exposure in Europe, based on UV irradiation values over 5 year periods, was developed. UV  exposure in individuals will be estimated in random population samples of European countries. The level, distribution and trends of UV exposure in European populations will be derived from these calculations.

Méthodologie de la gestion du risque : intérêt pour les campagnes de prévention solaire
Bertrand Eric
Résumé. Au cours de la décennie 90, les méthodes de la sûreté de fonctionnement sont introduites dans toutes les industries (automobile, production d’hydrocarbures, pétrochimie) ainsi que dans le génie civil et le bâtiment. Quant à la première décennie de ce XXIe siècle on peut prévoir qu’elle sera celle de la préoccupation de la maîtrise du risque en y apportant des réponses sous forme de méthodologies dotées de boîtes à outils et de méthodes d’application adaptées au monde de la santé et de l’innovation. Or, face au risque, la meilleure défense est d’anticiper et cela passe au préalable par sa caractérisation. C’est l’objectif de la gestion des risques (ou du management des risques). L’intérêt d’une étude de gestion de risques dans la mise en place d’une campagne de prévention solaire permettra de répondre aux besoins spécifiques en couvrant le juste nécessaire pour une réalisation optimale de l’objectif.

Prévention en milieu scolaire - « Vivre avec le soleil »
Cesarini Pierre
Résumé. Les risques pour la santé liés aux surexpositions solaires (cancers cutanés, cataractes, DMLA), surtout lorsque ces dernières surviennent pendant l’enfance, représentent un problème de santé publique majeur. L’OMS, mais également l’Académie de médecine, l’AFFSET, le plan cancer 1 et 2, recommandent d’agir en prévention primaire dès l’enfance.
Méthode. 3 auteurs issus de 3 organisations françaises (Institut national de recherche Pédagogique, Ministère de l'Education nationale, Association Sécurité Solaire), de professions et formations différentes (astrophysicien, didacticien et spécialiste de prévention solaire) ont conçu un guide de l’enseignant d’école primaire (maternelle et élémentaire) intitulé Vivre avec le Soleil qui permet à l’enseignant d’articuler éducation à la santé, à l’environnement et à la citoyenneté. Le guide comprend deux modules d’activités « clefs en main » : 8 séances pour les enseignants de cycles 1 et 2 (maternelle, CP, CE1), 10 séances pour les enseignants de cycle 3. Il permettent de dispenser une véritable "éducation solaire" des élèves (effets du soleil sur la santé, origines et sensibilité au soleil des différents types de peau, variations de l'Index UV, moyens de protection) tout en abordant différents points des programmes en géographie, géométrie, maîtrise de la langue et naturellement, en sciences. Cela est particulièrement prégnant du fait de la méthode pédagogique proposée, à savoir la démarche d’investigation chère à Georges Charpak et Claude Allègre, qui on initié au milieu des années 90, dans le cadre d’un partenariat entre l’Académie des sciences et le Ministère de l’Education nationale notamment, l’opération La main à la pâte, qui vise à rénover l’enseignement des sciences à l’école primaire. L’enseignant ne doit pas simplement transmettre un savoir mais il doit aider les élèves à construire le leur, en s’interrogeant, en émettant des hypothèses, en expérimentant, en confrontant les résultats et en recherchant une solution/conclusion consensuelle. Après avoir mené cette investigation scientifique, la classe est invitée à partager les connaissances et compétences nouvellement acquises. Les élèves vont ainsi mener une action de prévention, par exemple vers les autres élèves de l’école et les familles. Certaines classes créent des messages publicitaires, les affichent dans l'école, le quartier, parfois les envoient à la presse qui les publient. D'autres sensibilisent leur conseil municipal sur des problèmes très concrets comme le manque d'ombre dans la cour de l’école ou à la piscine. En France, des financements publics (INCa, INPES, Ministère de la Santé, Assurance maladie) et associatifs (Ligue nationale contre le cancer, Association nationale pour l'amélioration de la vue) permettent de mettre sur le web la progression pédagogique en accès libre. Il est même possible pour un enseignant, après inscription sur le site de l'association Sécurité Solaire (www.soleil.info), d'obtenir l’ouvrage qui porte la progression ainsi qu'une feuille de papier sensible aux UV, seul accessoire nécessaire qui lui est impossible de trouver autrement. L’enseignant est ainsi totalement autonome.
Résultats. En France, 5 ans après le lancement du programme, 30.000 exemplaires environ du guide ont été diffusés. Plus de 15.000 enseignants y ont consacré, en moyenne 7 heures. Plusieurs enquêtes menées auprès d'eux et de leur hiérarchie ont montré leur enthousiasme et leur adhésion à ce programme. Plus de 350.000 élèves ont pu être directement touchés pour un coût individuel inférieur à 2 €. Un essai randomisé en clusters, mené par l’unité biostatistique du CRLC de Montpellier a permis de montrer l’impact positif sur les connaissances, attitudes et comportements, y compris un an après l’intervention. Dans le reste du monde, plusieurs centaines d'enseignants, probablement francophones, ont également pu recevoir le "papier UV" et mettre en oeuvre cette progression. Une traduction allemande a été réalisée et mise en ligne par l'Université libre de Berlin avec l’aide de l’Etat fédéral (BFS) et de l’association nationale des dermatologues. D’autres traductions (en flamand, portugais, serbe…) sont en cours.

Projets Risc-UV1 et Risc-UV2
De Paula Correa Marcelo
Godin-Beekmann Sophie
Résumé. Cette présentation montrera le bilan du Projet RISC-UV 1 et 2 et les principaux résultats de campagnes de mesures réalisées en 2008 et 2009 en France. Les premiers résultats de la 3ème partie du projet seront aussi présentés à partir des  données recueillies récemment en Amérique du Sud. L'objectif principal de la conférence est de proposer une discussion à  propos des collaborations futures entre la physique de l’atmosphère et de la médecine établie, principalement, entre les  chercheurs brésiliens et français.

Mesure de l'exposition solaire en France, intérêt pour l'analyse du risque solaire
Doré Jean-François
Chaillol Isabelle
Résumé. L’exposition au rayonnement UV solaire exerce une influence sur la peau (synthèse de vitamine D, érythème, cancers cutanés), les yeux (cataracte) et le système immunitaire (immunosuppression locale et systémique). Elle peut en outre influencer le développement de certaines pathologies (lymphomes). La mesure et le contrôle de l’exposition au rayonnement UV solaire ont donc une implication importante en Santé Publique. Dans le cadre du projet UV-France, un atlas des cartes de France a été créé à partir des données SoDa. Il montre la répartition des doses d’UV reçues au sol sur le territoire français en moyennes journalières, pour chaque mois et pour les périodes 1988-1992, 1993-1997, 1998-2002 et 2003-2007. Ces données ont été couplées avec des informations sur les résidences et les vacances d’un échantillon d’environ 400 individus français, recueillies à l’aide d’un questionnaire. Celui-ci a aussi permis de connaitre le temps passé en extérieur sur le lieu de résidence ou pendant les vacances. Plusieurs questionnaires avaient déjà été utilisés pour recueillir ce type d’information. Néanmoins, la principale limite pour l’exploitation des résultats est le biais de mémoire. Une étude préliminaire a montré que les dates et les lieux de  vacances étaient peu fiables au-delà de 5 ans. On a donc reconstruit l’exposition au rayonnement UV solaire des individus inclus dans l’étude au cours des 5 années précédant l’interview. En une journée, un individu reçoit en moyenne trois fois plus de rayonnement UV pendant les vacances que lorsqu’il est sur son lieu de résidence. Cependant, en moyenne 93% de la dose cumulée sur l’année a été reçue sur le lieu de résidence. La dose UV reçue cumulée sur une année est donc très fortement influencée par l’exposition résidentielle.

Prévention en milieu scolaire - « Tête Brûlée »
Aegerter Philippe
Beauchet Alain
Résumé. Les coups de soleil durant l'enfance sont un des principaux facteurs de risque de développement de nævus puis de mélanome à l'âge adulte, dont l’incidence croissante justifie une stratégie de prévention par l’éducation des enfants aux méfaits du soleil.
Objectif. Evaluer prospectivement l'efficacité de deux modalités d'éducation chez des enfants âgés de 8 à 10 ans sur l'évolution du nombre de nævi, marqueur de l’exposition solaire.
Méthodes. Au printemps 2007, 56 classes d’écoles primaires de deux départements franciliens ont été randomisées entre quatre groupes d'intervention : formation délivrée par un professionnel d'éducation à la santé ; jeu sur CD-ROM permettant une information interactive individuelle ; association des deux modalités et groupe témoin ne bénéficiant que des campagnes d’information nationales. En 2007 et 2009, ont été recueillies, par questionnaires, les caractéristiques démographiques et  phototypiques des élèves ainsi que leurs connaissances des UV et leurs comportements de photoprotection, et, par examen clinique, le nombre de nævus sur le dos et les bras des élèves. Un modèle de Poisson modélisait la relation entre l'augmentation en 2 ans du nombre de nævus supérieurs à 2 mm et le groupe d’intervention, après ajustement sur le phototype, le sexe, les vacances à la mer, les antécédents de coups de soleil et les comportements de photoprotection.
Résultats. Les résultats portaient sur 660 enfants (taux de suivi de 66%). Le gain moyen de nævus était de 2,3 ± 3,4 et n’était pas statistiquement différent entre les 4 groupes d’intervention (p=0,94). Après ajustement au sein d’un modèle binomial négatif, aucun effet intervention n’a pu être mis en évidence sur le gain de nævus.
Conclusion. Aucun effet de l’intervention n’a été mis en évidence sur un marqueur biologique d’exposition ce qui incite à étudier d’autres modalités interventions probablement répétées dans le temps.

Projet UV-Elfe
Vacquier Blandine

Mesures UV : satellites, mesures au sol, dosimétrie individuelle
Godin-Beekmann Sophie
Jégou Fabrice
Haeffelin Martial
Résumé. Le projet RISC-UV s’appuie sur une collaboration entre physiciens de l’atmosphère et médecins dermatologues. Il concerne (1) l’étude du lien entre l’accroissement de l’incidence des cancers cutanés et l’évolution du rayonnement UV de surface causée par une modification des paramètres physiques qui le contrôlent (ozone, nuages, aérosols,…) et (2) l’impact des facteurs de comportement humain sur l’exposition au rayonnement UV dans différents environnements (activités touristiques, sportives…). Dans ce contexte, les différents types de mesures utilisées pour quantifier le rayonnement UV ont été évalués  pendant la période 2008-2009 et au cours de 2 campagnes de mesures renforcées en septembre-octobre 2008 et mai-juin 2009. Les simulations d’indice UV du modèle MOCAGE de MétéoFrance ont également été testées. Cette évaluation a concerné les mesures satellite effectuées par les instruments OMI, SCIAMACHY et GOME2, les mesures au sol obtenues par (1) le spectromètre UV du Laboratoire d’Optique Atmosphérique utilisé pour la surveillance à long terme du rayonnement UV à Villeneuve d’Asq près de Lille, (2) des radiomètres à bande large (pyranomètres UVB et UVA-E) et (3) des dosimètres personnels utilisés pour évaluer l’exposition au rayonnement UV. Les réponses des différents capteurs ont été comparées en liaison avec  les conditions météorologiques (couverture nuageuse, présence d’aérosols).

Indices de confort cutané, une autre approche du risque solaire ?
Mahé Emmanuel
Résumé. Le comportement au soleil s’est largement modifié au cours XXème siècle avec la promotion de « l’homme de bronze », symbole de bonne santé et de réussite sociale. Cette évolution a été permise par différents évènements : starification de femmes au teint halé, mouvement naturaliste, promotion des vacances au soleil, moyen sociaux acquis (congés payés), développement de l’industrie cosmétique …
Cette « révolution » du bronzage est actuellement directement mise en cause dans l’augmentation de l’incidence des cancers cutanés induits par l’exposition aux UV. En France, l’incidence calculée des mélanomes ne suit pas une distribution concordante avec l’intensité du rayonnement solaire. Ainsi l’incidence annuelle des mélanomes chez les femmes vivant en Bretagne serait de 50% supérieure à celle des femmes vivant dans le Sud de la France (Languedoc-Roussillon, région PACA). Certaines hypothèses peuvent expliquer ces différences : phototype plus sombre (« Méditerranéen ») dans le Sud de la France ou meilleurs respect des conseils de photoprotection dans le Sud induits par le climat.
Une autre hypothèse peut être discutée : il peut paraître insupportable de s’exposer aux heures chaudes lorsque le climat est chaud et sec (climat du Sud), alors qu’il est très agréable de s’exposer aux heures chaudes lorsque le climat est plus doux (Bretagne). Ceci permet de discuter le concept d’« indice de confort cutané » qui associe à la température et au taux d’humidité une notion de qualité de ressenti cutané. Ces indices – Humidex, Thom’s disconfort index par exemple – sont peu utilisés en médecine et leur intérêt potentiel à la meilleurs compréhension des comportements solaires sera discuté.